Le vide n'est pas le rien

Apprivoiser le vide

 

Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vie, et qu’il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même.

Blaise Pascal, Pensées

 

Quelle meilleure introduction que cet extrait des Pensées de Pascal pour appréhender la notion de vide ? Le vide, le silence, la solitude sont des choses que l'on redoute. Le vide est souvent assimilé au néant alors que l'on pourrait le voir comme un espace qui se libère, la possibilité d'une création.

 

Une relation ambiguë au vide

 

Les expressions telles que "combler un manque" ou "remplir un vide" sont courantes et elles laissent entendre que lorsqu'il y a un espace de vide nous devons nous empresser de le combler. C'est d'ailleurs ce que nous faisons tout au long de la journée : remplir le temps, gagner plus, multiplier les discussions, les activités, les loisirs, etc. Cette frénésie nous fait parfois prendre conscience qu'on aurait bien besoin d'un temps pour faire le vide, un temps où l'on ne s'impose rien, où l'on ne cherche pas à être productif : on cherche juste à être présent. Chacun d'entre nous a une tolérance au vide différente. Certains ont besoin de beaucoup d'espace personnel, d'une grande tranquillité pour se ressourcer tandis que d'autres semblent s'épanouir au cœur de la foule et de l'agitation. Peu importe, ce qui compte est de trouver ce qui nous convient et de le respecter. Dans une société où il faut produire, faire, montrer que l'on a fait, rester connecté en permanence… Ces petits espaces de vide que l'on peut se créer sont un véritable luxe. Nul besoin de s'isoler lorsque l'on a un peu de pratique : le vide peut être fait en soi pour quelques instants.

 

Percevoir le vide au lieu de chercher à le créer

 

On peut parfois avoir l'impression de faire le vide, de prendre le temps de ne rien faire mais bien souvent c'est à cet instant que l'activité mentale compense cette tranquillité en s'accélérant. On pense souvent que le but de la Respiration  Holotropique, le Yoga, la Méditation et j’en passe sont de faire le vide, d'écarter toutes les pensées. 

Ce n'est pas totalement faux mais pas tout à fait vrai. 

Le but serait plutôt de créer les conditions favorables pour que l'activité du mental soit assez lente pour qu'on puisse avoir conscience de tout ce qui se passe. Autrement dit, être en mesure de voir, sentir, accueillir ce qui nous traversent et de percevoir les espaces de vide, si courts soient-ils, entre nos émergences. Ensuite, l'absence, le rien qui ne sont pas le vide peuvent être une conséquence de la pratique, l'arrêt des activités du mental. (Enfin !!!)

Mais il y a beaucoup d'étapes sur la route et cet effet peut être vu comme une conséquence de la pratique plutôt que comme un but à atteindre à tout prix. La notion de vide pourrait plutôt être vue comme une qualité de transparence, comme un espace qui s'ouvre et qui permet d'accueillir ce qui est. 

 

Ce n'est pas un vide figé, angoissant où l'on rejette les choses : c'est plutôt la reconnaissance des perceptions, des sensations, des émotions, « de comment ça marche, comment ça résonne », des pensées, des objets, accompagnée d'un certain détachement où tout est important et rien ne l’est vraiment !

Une peur du vide qui est bien ancrée.

Le vide est associé à l'absence, au manque, aux ténèbres…

 

Pas étonnant que ce concept de vacuité ait quelque chose d'angoissant. Mais revenons à la pratique par les états modifiés de conscience et la thérapie Transpersonnelle. On peut faire lors d'une séance, plusieurs plongées dans le vide. L'exploration du souffle, du corps, sont un bon moyen de se confronter à cette peur pour une vision plus claire, plus pacifiée.

Pour la plupart des gens, il est facile de retenir on souffle après une inspiration mais beaucoup plus difficile de suspendre sa respiration sur la même durée après une expiration. Le lien entre le vide, l'arrêt de souffle et la mort sont évident.

 

De même, il est parfois angoissant de se retrouver seul face à ses visions, ses émergences, ses propres pensées, seul dans son intériorité lors de « Respires », séances, et ou dans le quotidien, c’est pour ces raisons qu’une confiance, un engagement de bonne qualité sont reconnus comme fondamentaux pour tendre vers une observation objective de ce qui participe à notre structure, notre nature profonde.

Nous ne sommes plus habitués à être réceptif, observateur, spectateur de ce qui arrive. 

Le besoin de contrôle, d'action sont bien ancrés, la proposition d’accompagnement transpersonnel est justement de contrebalancer cette tendance.

 

Pour certains c'est une bouffée d'air avant de replonger dans le vacarme. Car il fait du temps avant d’oser faire le grand saut ! Pour d'autres c'est un apprentissage, un espace de « retrouvailles », un espace où se crée, la possibilité d'un retour en soi, un espace de guérison.

Laisser le vide s'installer, c'est aussi le seul moyen de pouvoir recevoir. Comment remplir de nouvelles choses ce qui est déjà plein.

 

Patricia 

PS : source Nelly Thuilleras

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