De quoi se composent les fascias ?

maladie du tissu conjonctif et fasciathérapie

Les fascias : des tissus conjonctifs composés de cellules, de fibres et d'une matrice extracellulaire.

 

Les fascias sont des tissus conjonctifs, l’une des quatre classes majeures de tissus présents dans le corps humain avec le tissu nerveux, le tissu musculaire et l’épithélium 1.

Les tissus conjonctifs ont pour fonction de maintenir la forme du corps et des organes et de donner une cohésion aux tissus et aux organes 1.

 

Le terme « conjonctif » dérive de la fonction de ces tissus : la connexion des cellules ou des tissus entre eux (en anglais « connective tissue ») 1.

 

De manière simple, les fascias ont 3 grands composants (voir illustration) 1 : des cellules, des fibres et la matrice extracellulaire.

 

1) Des cellules : intégrité tissulaire, propriétés métaboliques et défensives

 

a) Les fibroblates

Les cellules prédominantes sont les fibroblastes dont le rôle majeur est de maintenir l’intégrité de la structure des tissus conjonctifs en sécrétant continuellement des précurseurs de la matrice extracellulaire ou MEC (voir ci-après) tels que le collagène et l’élastine 1. Les fibroblastes jouent un rôle majeur dans la cicatrisation, c’est grâce à eux qu’une plaie peut se refermer 1.

 

Ces cellules sont hautement adaptables à leur environnement et montrent une capacité à se remodeler en réponse à des stimuli mécaniques variés 2. Ainsi, dans les tendons, les fascias et les cicatrices, on trouve un type particulier de fibroblastes, les myofibroblastes qui ont des propriétés contractiles et qui sont présents lors de la réparation tissulaire 1,2.

 

En temps normal, une fois que la lésion est réparée, les myofibroblastes entrent en apoptose (elles s’autodétruisent). Néanmoins, dans les fascias pathologiques, il a été observé une augmentation de la concentration de myofibroblastes. Cette augmentation est suspectée être à l’origine de contractures tissulaires que l’on peut observer par exemple dans une épaule gelée. Dans les cicatrices qui ne parviennent pas à être résolues et deviennent à type chéloïde (volumineuses, dures au toucher), on observe le même phénomène 1,2.

 

b) Les fasciacytes

C’est une catégorie de cellules découvertes et décrites récemment. Leur rôle est dévoué à la production d’acide hyaluronique, une molécule lubrifiante, qui a un rôle majeur, celui de réguler le glissement des fascias 3, fonction capitale pour la bonne santé du système fascial et des systèmes qu’il soutient.

 

Un glissement normal entre les différentes couches de fascias entourant le muscle et interpénétrant le muscle dépend d’une bonne hydratation amenée principalement par l’acide hyaluronique 4. Selon Carla Stecco, les fasciacytes, du fait du rôle de l’acide hyaluronique dans le glissement des fascias, pourraient être impliqués dans la douleur myofasciale 3.

 

c) Les adipocytes

Ce sont les cellules graisseuses dont le rôle est métabolique (ils délivrent de l’énergie aux tissus) 1.

 

d) Les cellules migrantes

Ce sont les globules blancs qui font partie du système immunitaire dont le rôle est de défendre l’organisme contre les agents infectieux 1,2.

 

2) Des fibres : propriétés mécaniques

 

a) Le collagène

Synthétisé par les fibroblastes, cette molécule très solide est la fibre clé qui donne sa capacité aux fascias de résister aux tensions et aux étirements. Un excès de collagène peut néanmoins être délétère. C’est ce qu’indique Robert Schleip dans un documentaire diffusé en 2017. Selon lui, le tissu conjonctif d’un bras plâtré après une blessure se modifie. Après 3 semaines de plâtre et d’immobilisation, le tissu commence à proliférer, la structure s’emmêle, s’épaissit, prend un aspect chaotique, entraînant une perte fonctionnelle. Selon lui, l’activité physique est indispensable pour maintenir nos fascias en forme 5.

 

b) L’élastine 

Elle participe à l’étirement et la distension des tissus 1.

 

3) La matrice extracellulaire : support et nutrition des cellules et plasticité tissulaire 1

La consistance de cette matrice, également appelée substance fondamentale est variable et oscille entre la gélatine et un matériau plus rigide 1.

 

Elle se compose :

  • D’eau : c’est le principal élément des fascias. Les tissus conjonctifs sont en effet composés d’environ 70% d’eau 6.
  • De protéoglycanes : ce sont de grosses macromolécules composées de protéines et de sucre dont le rôle est similaire à celui d’une éponge : retenir l’eau. Elles participent, avec la teneur plus ou moins importante en eau, à la viscoélasticité des fascias 1. Ainsi, plus la teneur en eau est importante, plus les tissus sont mobiles et peuvent revenir à leur état d’origine après un stress 1.
  • D’acide hyaluronique : molécule très hydrophile, elle a un rôle de glissement, de lubrifiant pour les muscles et les tendons. Les modifications de la richesse en acide hyaluronique contribuent à la douleur, l’inflammation et la perte de fonction 1.

 

La proportion de ces 3 composants principaux varie d’une région du corps à une autre selon les besoins structurels 1.

 

Plusieurs études ont pu montrer qu’une variation de ces composants peut conduire à une rupture de la continuité fasciale et à une douleur. Pour exemple 7 :

  • chez des patients souffrant de douleurs lombaires chroniques, il a été montré une variation de la teneur en collagène dans les fascias régionaux et une augmentation de 25% de l’épaisseur du fascia périmusculaire.
  • dans le cas d’une cicatrice, un glissement défectueux des tissus résultat d’une variation de la contractilité des fibroblastes génère une tension fasciale anormale et par voie de conséquence des symptômes douloureux.
  • chez des patients souffrant de raideur articulaire et de douleur matinales, la moindre quantité ou la distribution inadéquate d’acide hyaluronique serait à l’origine d’une moindre hydratation des tissus, moins de glissement et une stimulation des récepteurs à la douleur

 

Sources :

  1. Stecco C. Functional Atlas of the human fascial system. Churchill Livingstone Elsevier. 2015.
  2. Kumka M and Bonar J. Fascia : a morphological description and classification system based on a literature review. J Can Chiropr Assoc 2012;56(3): 179-191.
  3. Stecco C et al. The fasciacytes : a new cell devoted to fascial gliding regulation. Clin Anat 2018;31(5):667-676.
  4. Hammer W. The fascial system is a sensory organ. ACA news. April 2014.
  5. Vidéo Arte 2017. https://boutique.arte.tv/detail/allies_caches_organisme_fascias? 
  6. DiGiovanna EL et al. An osteopathic approach to diagnosis and treatment. Lippincott Williams and Wilkins, 3rd edition.
  7. Bordoni B and Zanier E. Clinical and symptomatological reflections : the fascial system. J Multidiscplinary Healthcare 2014;7:401-411.

Agnès Barret, fasciathérapeute méthode Danis Bois à Paris, Châtenay-Malabry/Sceaux

  • Composition des fascias
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