Je suis l’homoncule aux lèvres lippues et aux considérables paluches
Mes récepteurs à fleur de l’épiderme épient la sensation.
Je frissonne aux pressions des senteurs huilées et aux plumes qui dessinent mes frontières.
À la farandole des ressentis il y a aussi la danse des marquises.
J’ai le système sympathique et le cortex cérébral
Des enfants jouent et mes synapses propagent l’alchimie du percevoir dans le gris de ma matière.
Je suis le pays des iliaques, des carpes et des trochanters
J’ai la charpente osseuse d’une architecture remplie de Vie.
Je suis d’os, mais de chair abdominale, deltoïde ou trapézoïdale
Un bel ouvrage en droits et en obliques ressort de mon mouvement
Car oui, je me meus.
Dans le temps et dans l’espace
Dans la conscience de mes contours
Gonflé de mes inspirs, délivré de mes expirs
Répandu sur cette table aux confins de l’abandon.
Quelle merveilleuse composition que mon corps articulé
Grâce à lui, je me sens Moi,
Je me sens Être dans ma chair palpitante et bavarde
Où les mémoires se révèlent à la chaleur du contact
J’ai des sens, un avant et un derrière
Je sens, je vois, j’entends et je goûte
Et je touche aussi.
C’est un voyage que celui du tact,
De fosses en crêtes, de plis en boules, de peau de chagrin en pot aux roses,
l’organe est vaste
Il y a tant à pétrir, à gratter, à presser, à drainer, à peindre, à caresser,
À faire la peau neuve de la voute plantaire au sommet des crânes,
Ma peau porte le sillage des bateaux et l’empreinte des ours
Mes mains ont suivi le chemin des chèvres et des ailes des oiseaux
J’ai pris la voie de la réconciliation des corps.
J’ai pris la voie du toucher réparateur.
Je masse